Centre d'achats

Je les aime, pour vrai. Et je ne les aime pas, pour vrai.

Les Galeries d’Anjou, le Carrefour Laval, la Plaza Côte-des-Neiges, la Place Versailles, le Centre Rockland, la Place Saguenay…

À chaque visite, je vais de l’euphorie au burn-out, en passant par un désarroi chaque fois sans précédent, inversement proportionnel au désir et à l’espoir qui m’habitent en m’y rendant. Toujours l’impression, à un moment donné, de me trouver à l’épicentre de quelque chose. Quoi…? Que deviens-tu pendant que tu arpentes ces grandes allées des possibles, pistes de danse, salles de bals, palais royal? Sous les plafonds en forme de ciel, mon cœur explose et retombe en miettes, en confettis, en déchirures de guirlandes de fête, je ne me souviens plus : qu’est-ce qu’on fête déjà?

J’ai commencé par faire des tests. Des tests de voix au centre d’achats. J’ai prononcé des mots pour voir comment ça résonnait dans cet air très particulier. Puis j’ai eu envie d’écrire dans le centre d’achats, sur lui, dans sa fibre, dans ses atomes, j’ai eu envie de le lécher, pour gouter, pour voir ce que ça goute pour vrai, ce lieu. Ce lieu où le moindre t-shirt, la moindre pince à cheveux me hurlent et me renvoient mes propres questions : Qu’est-ce qu’on fait sur terre?!! Qu’est-ce que ça vaut?!! Qu’est-ce qui vaut la peine qu’on y aspire?!! Pourquoi on existe?!!
Calme-toi. Achète ton pyjama et retourne dans ta chaumière.
Mais j’ai fermé les yeux. Le centre d’achats m’est rentré dedans.
Dans la tête, le corps, le cœur.

Les bruits du dehors n’existent plus. Ils sont remplacés par le grondement d’un système de ventilation impériale ainsi qu’une musique légère. Des puits de lumière laissent filtrer les rayons du soleil qui viennent agrémenter l’éclairage aux néons. De très hauts plafonds surplombent le sol en terrazo. Le plan du lieu ressemble à un labyrinthe. Thésée s’arrêterait à l’aire de restauration et se commanderait un Big Mac avant d’aller se battre avec le Minotaure, ses jambes enveloppées dans un pantalon de jogging neuf, acheté si récemment.

Viens avec moi
Pendant le vent dehors, je vais te raconter l’abondance et le grand escalier roulant
À l’orée des grandes forêts intérieures
Je vais parler pour toi
Tu dis
Je t’entends
J’aimerais tellement avoir une vie extraordinaire

Emmanuelle Jimenez

C’est maintenant ma quatrième collaboration avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et je ne pouvais demander mieux que ce magnifique projet proposé par Sylvain Bélanger et Emmanuelle Jimenez. Je croyais nécessaire de produire ce spectacle un peu avant les fêtes: moment où la nostalgie du passé nous prend lorsque nous courrons les boutiques pour trouver le cadeau idéal pour les gens que nous aimons. Maintenant que nous avons troqué la religion pour la consommation, sommes-nous plus heureux? Je me rappelle ce matin du jour de l’An où mon père nous avait donné la bénédiction et remis notre bas de Noël contenant une orange et quelques bonbons. Je ne me souviens plus d’un temps des fêtes aussi fantastique que celui-là. Les temps ont changé et le centre d’achats n’arrive déjà plus à nous satisfaire que nous nous tournons maintenant vers le magasinage en ligne. Combler un vide peut prendre des années, mais à quel moment serons-nous assez zen pour comprendre que YOLO - You only live once - et que les gens qui nous entourent ont ce même vide à remplir? Et si nous commencions par lever le regard? Nous verrions qu’ils cherchent peut-être eux aussi, la même chose que nous.

Michel-Maxime Legault

« C’est l’un des meilleurs textes de la jeune saison qui est présenté avec Centre d’achats. Une pièce percutante d’Emmanuelle Jimenez, portée par sept excellentes comédiennes dirigées habilement. »
Mario Cloutier, La Presse + 

« Le dispositif scénique sert bien le propos, et il y a des moments humoristiques extraordinaires. »
Evelyne Charuest, Gravel le matin, Ici Radio-Canada 

« J’attire votre attention sur le jeu de Marie-Ginette Guay et Danielle Proulx qui sont exceptionnelles. »
Marie-Christine Blais, Dessine-moi un dimanche, Ici Radio-Canada 

« On passe un très bon moment, on vit toutes sortes d’émotions avec ces femmes-là, avec beaucoup d’humour. » 
Christian Bourque, Les éclaireurs, Ici Radio-Canada

« Écrite par Emmanuelle Jimenez, et brillamment mise en scène par Michel-Maxime Legault, l’œuvre est lourde de symbolisme et regorge de dialogues en apparence anodins, qui en révèlent beaucoup sur des préoccupations telles que le vieillissement, la solitude, la pauvreté. »
Pierre-Alexandre Buisson, Nightlife.ca

« La joyeuse bande de Michel-Maxime Legault nous offre un petit bijou de pièce, un délicieux plaisir coupable qui fait néanmoins réfléchir et grincer des dents. À ne pas manquer. »
Yanik Comeau, Zone culture

« C'est drôle c'est percutant, ça nous fait voir notre vie sous un autre regard. » 
Audréanne Kane Cabana, Allo Showbizz, Sorel CJSO

« Cette création du Théâtre de la Marée Haute donne à voir un univers d'une impressionnante théâtralité dans lequel sept comédiennes de talent offrent des personnages d'une touchante authenticité. »
Alexane Roy, Montheatre.qc.ca

« Brillamment mise en scène par Michel-Maxime Legault. »
Nathalie Lessard, pieuvre.ca

« La chimie naturelle et irrésistible entre les comédiennes et leur précision chirurgicale dans la livraison des chœurs se glissent à merveille dans la mise en scène soignée et fluide de Michel-Maxime Legault. »
Marie-Claude Lessard, Éklectik Média

« Les réflexions mises de l’avant par l’auteure sont troublantes, mais si finement imbriquées dans une mécanique comique bien huilée, dans une mise en scène terriblement efficace, signée Michel-Maxime legault, que ce n’est qu’après qu’on réalise toute la profondeur du propos. »
Alice-Côté Dupuis, Bible urbaine 

« Je lève mon pouce pour l’idée audacieuse et si peu exploitée de réunir autant de personnages d’âges et de background différents. Shout out à Denis Gagnon pour la garde-robe impeccable, tout en paillettes et glamour qui habillent les actrices. »
Jessica Beauplat, Ton petit look

« Le texte est excellent, la mise en scène forte, les actrices splendides, et campent merveilleusement bien leurs personnages. »
Au pied du lit, CIBL

Marée Haute : Mouvement oscillatoire de niveau de la mer dû à l’attraction de la Lune et du Soleil sur la masse d’eau des océans. Déformation d’un astre (ou d’un être) sous l’action gravitationnelle de son environnement.

Le Théâtre de la Marée Haute veut depuis dix ans faire de ce phénomène naturel un phénomène théâtral : comprendre l’influence d’un élément sur un autre, cerner l’incidence d’un être humain sur son proche, de la société sur nous. Exposer la complexité et les faiblesses de l’humain dans ses rapports aux autres, par rapport aux autres; voilà le mandat que s’est donné le Théâtre de la Marée Haute. 

Le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui est entièrement dédié à la dramaturgie d’ici. Depuis plus de cinquante ans, il supporte la création, la production et la diffusion d’œuvres québécoises et canadiennes d’expression française. Il défend un théâtre d’auteur ainsi qu’une réflexion moderne et sans compromis sur les enjeux contemporains. Adhérer au CTD’A, c’est laisser sa trace dans l’histoire ; la nôtre, celle qui s’écrit au présent.