Bashir Lazhar

d'Evelyne de la Chenelière

une production du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui

Salle principale

du 19 septembre au 14 octobre 2017


RÉSUMÉ

Bashir Lazhar retrace le parcours d’un immigrant nouvellement arrivé au Québec, qui remplace au pied levé une institutrice qui s’est suicidée dans l’enceinte de l’école. La personnalité de Bashir et ses initiatives pédagogiques se heurtent à la frilosité et à l’incompréhension de ses pairs et des parents d’élèves. Les préjugés latents font surface et révèlent le choc provoqué par la rencontre des cultures.

La recréation de ce texte d’Evelyne de la Chenelière, 10 ans après sa création et une adaptation cinématographique couronnée de succès, met en lumière un répertoire québécois vivant qui, au cœur de la crise migratoire et du repli identitaire des pays de l’Occident, se révèle d’une vibrante actualité.

texte Evelyne de la Chenelière mise en scène Sylvain Bélanger interprétation Rabah Aït Ouyahia assistance à la mise en scène et régie Julien Veronneau scénographie Julie Vallée-Léger conception lumière Cédric Delorme-Bouchard costumes Marc Senécal musique originale Guido Del Fabbro maquillages Angelo Barsetti

texte

Evelyne de la Chenelière

mise en scène

Sylvain Bélanger

interprétation

Rabah Aït Ouyahia

assistance à la mise en scène et régie

Julien Veronneau

scénographie

Julie Vallée-Léger

conception lumière

Cédric Delorme-Bouchard

costumes

Marc Senécal

musique originale

Guido Del Fabbro

maquillages

Angelo Barsetti

Puisque le théâtre a le pouvoir de faire parler entre eux les vivants et les morts

S’il est vrai que le théâtre a le pouvoir de faire parler entre eux les vivants et les morts, que l’écriture abolit le temps et donne accès à l’éternité, je te parle, cher Denis, depuis la terre que tu as quittée brusquement et où, depuis, il neige sans toi pour aimer voir tomber la neige.

Je te parle, et je te fais parler dans ma tête, éternellement, je ne me gêne pas, je te fais dire tout ce que je voudrais t’entendre me dire, je te fais applaudir mes progrès et trouver un sens à mes défaites.

Je nous invente des conversations.

DENIS
Bonjour Evelyne.

EVELYNE
Denis! T’es là! Tu vas bien?

DENIS
Super. Je découvre plein de choses, c’est passionnant. Tu peux même pas imaginer tout ce qui t’attend.

EVELYNE
Ah oui, hein…

DENIS
Oui, ça va te plaire j’en suis sûr.

EVELYNE
J’en doute pas, j’ai hâte. Non, c’est pas ce que je voulais dire…

DENIS
Prends ton temps, hein, te presse pas.

EVELYNE
Bien sûr, oui, je vais prendre mon temps, je vais essayer. T’as l’air en pleine forme.

DENIS
Toi aussi. Et t’as pris un petit coup de vieux, ça te va très bien.

EVELYNE
Merci, t’es gentil.

DENIS
Tu dois être contente, l’hiver est terminé.

EVELYNE
Oui.

DENIS
Moi j’aime beaucoup l’hiver québécois.

EVELYNE
Je sais, je sais.

DENIS
C’est tellement beau, la neige.

EVELYNE
Il faut que je te dise, Denis, ils remontent Bashir Lazhar…

DENIS
Je sais.

EVELYNE
C’est Sylvain Bélanger qui fait la mise en scène.

DENIS
J’aime beaucoup Sylvain.

EVELYNE
Et le comédien, tu sais…

DENIS
Oui, Rabah Ait Ouyahia. Formidable.

EVELYNE
Oui, c’est assez émouvant parce que c’est son premier rôle au théâtre.

DENIS
Ah c’est pas mal, pour commencer.

EVELYNE
Je l’ai rencontré. Son regard est très vif. Il a un beau sourire.

DENIS
J’ai hâte de le découvrir.

EVELYNE
Je voulais te dire…

DENIS
Oui?

EVELYNE
Ce personnage, je l’ai créé pour toi. Non, en fait on l’a créé ensemble.

DENIS
On a bien travaillé, hein?

EVELYNE
Et j’aime penser que tu es toujours un peu sur scène quand la pièce est montée.

DENIS
Je suis là où tu veux.

EVELYNE
Vraiment?

DENIS
Bien sûr. Puisque le théâtre a le pouvoir de faire parler entre eux les vivants et les morts, puisque que l’écriture abolit le temps et donne accès à l’éternité, je peux être où tu veux.

EVELYNE
Tu crois?

DENIS
En fait, écrire, c’est comme neiger : ça relie le ciel et la terre.

Ils sourient tous les deux. Il se met à neiger. Ils regardent les flocons qui tombent lentement.

Évelyne de la Chenelière

Bashir Lazhar fait d'abord appel en chacun de nous à ces questions qui serrent le cœur : en perdant ce que nous avons de plus précieux au monde, est-ce possible de recommencer sa vie? Sommes-nous condamnés à remplacer ceux qui nous manquent?

Mais recréer Bashir Lazhar au Québec aujourd’hui, c’est aussi prendre le temps d’observer le réfugié politique. En se demandant si on lui donne une chance. Une vraie chance. Une chance égale. Le récit prend en compte une convention à la base non réaliste : quand donne-t-on une telle chance dans une commission scolaire aujourd’hui? Peu probable. Moi j’aime l’idée d’Evelyne qui nous dit : « Et si ? ».

Et c’est à partir de là qu’on peut vérifier si cette chance est réelle, égale et juste, qu’on peut vérifier si le réfugié a une chance égale, une fois la porte ouverte. Face à la direction de l’école, face aux collègues, face au système. Et c’est là qu’Evelyne propose qu’on lui donne les armes qui causeront sa perte mais qui sont pour moi des ressources qui forcent l'admiration : un jugement face au système et le sens des initiatives.

Bashir Lazhar en 2017, c’est aussi l’arabe en 2017, au Québec, de plus en plus stigmatisé par les associations instantanées au terrorisme. Mais il semble aussi que plus les attentats s’approchent de nous, plus le radicalisme change de côté. Nous entendons avec de moins en moins de complexes les membres de La Meute, les néonazis, les radios poubelles, et cette masse de moins en moins silencieuse en Occident alimente une vague importante de replis identitaires. L’époque est conflictuelle en ce sens pour les Québécois. On revient plus fréquemment sur le sujet. Nous prenons conscience que des individus rentrent tous les jours, en tentant leur chance, avec une valise et beaucoup de courage et d’attentes envers le Québec. Je me dis que c’est maintenant à nous d’être à la hauteur. Car la crise humanitaire actuelle est la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La crise migratoire s’est intensifiée ces dernières années et a atteint des sommets alarmants. Cette situation humanitaire transforme également le paysage politique de l’Occident, avec des poussées de quelques personnages publics et politiques plus radicaux de moins en moins isolés : Donald Trump, le Front National…

Notre frontière s’ouvre, heureusement, mais c’est une fois la porte ouverte que les défis commencent. Et il va falloir commencer à réaliser que le défi est partagé. Il ne suffit pas d’ouvrir une porte et de laisser le monde se débrouiller. La chance doit être égale, réelle, équitable.

Recréer Bashir Lazhar au CTD’A en 2017, c’est recréer l’expérience de la pièce dans la salle. Car je donne une chance à un acteur, d’abord rappeur, qui n’a jamais fait de théâtre. C’est prendre à bras-le-corps les défis de l’ouverture et de l’équité. C’est autant Rabah qui intègre un milieu de travail que Bashir. C’est un artiste qui rencontre un autre public. Le défi de Bashir EST celui de Rabah. Ce qui se passe dans le récit d’Evelyne sera vécu sur scène : l’appel du risque, l’intrusion et surtout, le désir de surmonter les différences. Les projecteurs sont autant braqués sur nous et sur notre réaction face à lui. Sur nos réflexes secrets. Sur nos préjugés, qui seront testés tout au long de la représentation. Jusqu’où sommes-nous ouverts ? C’est la question que je pose avec cette expérience théâtrale aux allures de projet social.

C’est un défi pour Bashir, pour Rabah, pour le CTD’A. Pour le public. Un défi au théâtre. Mais c’est d’abord et avant tout un défi de nos sociétés.

Sylvain Bélanger, metteur en scène 
et directeur artistique du CTD'A

« Quelle bonne idée du Théâtre d’Aujourd’hui de recréer ce texte ! [...] la production signée Sylvain Bélanger est une réussite à tous points de vue : jeu, mise en scène, conception scénique. Si vous avez une pièce à voir cet automne, c’est celle-ci! Issu du monde de la musique rap, vu au cinéma et à la télévision, Rabah Aït Ouyahia fait ici, à 42 ans, son baptême des planches. L’acteur est tout simplement splendide de charisme, de présence et de vérité! »
Luc Boulanger, La Presse

« Dans la sobre mise en scène de Sylvain Bélanger, Bashir Lazhar devient la pièce de l’heure : celle qui radiographie notre monde avec une acuité que les crises évacuent dans la vraie vie. »
Odile Tremblay, Le Devoir

« Se mettant profondément au service de l’écriture, le metteur en scène Sylvain Bélanger achève de hisser Bashir Lazhar au rang des textes dramatiques québécois les plus importants des deux dernières décennies. Refusant toute actualisation qui aurait fait de Bashir un réfugié en haillons arrivé par la frontière de St-Bernard-de-Lacolle, sa mise en scène est intemporelle et feutrée, presque toute concentrée sur l’acteur. Et quel acteur! »
Philippe Couture, Voir

« Rabah Aït Ouyahia est stupéfiant. S’il a une expérience de la scène comme musicien, c’est cependant la première fois qu’il fait du théâtre et le défi était grand. Admirablement dirigé par Sylvain Bélanger, il le relève magistralement avec un mélange de candeur et de force tranquille en même temps que dans son regard se révèle toute la souffrance du monde. »
Marie-Claire Girard, Huffington Post Québec

« Fluide et naturelle, la mise en scène de Sylvain Bélanger semble prolonger l’histoire de ce déraciné qui se cherche de nouvelles racines. »
Marie-Christine Hellot, Revue JEU

« Ce texte n'a pas pris une ride, bien au contraire. Il ne peut pas être plus d'actualité avec tous ces reportages et papiers sur les réfugiés et les enseignants. Sylvain Bélanger a réussi à porter de manière fort habile le texte drôle et touchant d'Evelyne de la Chenelière. Il en fait ressortir la poésie derrière laquelle se cachent plusieurs drames. »
Marie-Anne Poggi, Les Irrésistibles de Marie-Anne

« En portant entièrement la pièce sur ses épaules, Rabah Aït Ouyahia parvient à rendre le monologue de façon magistrale et ressentie. Il livre ainsi une grande performance qui bouleverse l’assistance. »
Roxanne Guérin, Montheatre

« Le véritable miracle ici s’appelle Rabah Aït Ouyahia. » 
Pierre-Alexandre Buisson, Bible Urbaine

« Je vous en conjure, courez tout de suite au Théâtre d'Aujourd'hui. Les représentations y auront lieu jusqu'au 14 octobre prochain. Entre la mise en scène de Sylvain Bélanger et l'interprétation de Rabah Aït Ouyahia, les textes d'Evelyne de la Chenelière prennent tout leur sens. »
Valérie Garrigue, Dario Bivona Blog

« La mise en scène de Sylvain Bélanger permet d’entrer dans l’intimité de la pièce. Toute en sobriété, elle met en valeur le solo de Rabah Aït Ouyahia. Quant au texte d’Evelyne de la Chenelière, il s’apparente à une véritable leçon de vie. »
Thomas Campbell, Mazrou

« 
La saison 2017-2018 de la salle principale du Théâtre d’aujourd’hui s’ouvre donc sur un nouveau classique de notre dramaturgie, grâce à la vision d’un directeur artistique qui n’a pas froid aux yeux et à un nouvel acteur qui, avec son metteur en scène, prend « à bras-le-corps les défis de l’ouverture et de l’équité », comme le souligne Sylvain Bélanger dans le programme. Un triple jeu réussi. »
Yanik Comeau, Zone Culture

« Le ton est juste sans devenir trop corrosif et les mots d’Evelyne De La Chenelière, comme toujours, nous happent par ce regard dur, parfois volontairement décalé et semi-onirique, mais toujours exact du monde. Il faut voir ce spectacle. »
Jordan Dupuis, Quartier Général - collectif culturel

Le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui est entièrement dédié à la dramaturgie d’ici. Depuis plus de cinquante ans, il supporte la création, la production et la diffusion d’œuvres québécoises et canadiennes d’expression française. Il défend un théâtre d’auteur ainsi qu’une réflexion moderne et sans compromis sur les enjeux contemporains. Adhérer au CTD’A, c’est laisser sa trace dans l’histoire ; la nôtre, celle qui s’écrit au présent. 
 

Médias

Publié le 19/12/17

Bashir Lazhar et La nuit du 4 au 5 dans le top 2017 du HuffPost!

Le premier texte de la comédienne Rachel Graton et la première présence du rappeur et acteur Rabah Aït Ouyahia sur une scène de théâtre nous ont fait vivre des moments intenses et inoubliables et nous sommes très heureux de les voir figurer dans cette liste des meilleurs spectacles de 2017. Bravo aux deux talentueuses équipes de création!

Médias

Publié le 08/12/17

Bashir Lazhar dans les meilleurs spectacles de 2017 selon ICI ARTV!

ICI ARTV dévoile sa sélection de spectacles ayant marqué 2017 et a de très bons mots sur notre Bashir Lazhar : « la découverte d’un acteur grandiose, le rappeur Rabah Aït Ouyahia, dans un jeu aussi délicat que viscéral ». Bravo!

Vidéo

Bashir Lazhar d'Evelyne de la Chenelière

Découvrez Rabah Aït Ouyahia dans des extraits de Bashir Lazhar, mis en scène par Sylvain Bélanger!

Critiques

Publié le 28/09/17

Bashir Lazhar d'Evelyne de la Chenelière

« Dans la sobre mise en scène de Sylvain Bélanger, Bashir Lazhar devient la pièce de l’heure : celle qui radiographie notre monde avec une acuité que les crises évacuent dans la vraie vie. »

Odile Tremblay, Le Devoir

Critiques

Publié le 25/09/17

Bashir Lazhar d'Evelyne de la Chenelière

« Quelle bonne idée du Théâtre d’Aujourd’hui de recréer ce texte ! [...] la production signée Sylvain Bélanger est une réussite à tous points de vue : jeu, mise en scène, conception scénique. Si vous avez une pièce à voir cet automne, c’est celle-ci! Issu du monde de la musique rap, vu au cinéma et à la télévision, Rabah Aït Ouyahia fait ici, à 42 ans, son baptême des planches. L’acteur est tout simplement splendide de charisme, de présence et de vérité! »

Luc Boulanger, La Presse

archiv

Livre

Publié le 19/09/17

Bashir Lazhar

Evelyne De la Chenelière
Leméac
12,00$

Disponible à la bouquinerie

Album

Publié le 18/09/17

Découvrez les photos de la nouvelle création de Bashir Lazhar d'Evelyne de la Chenlière, mise en scène par Sylvain Bélanger et interprétée par Rabah Aït Ouyahia!

Médias

Publié le 16/09/17

Belle entrevue de Rabah Aït Ouyahia et Sylvain Bélanger dans le Devoir!

Le metteur en scène et le comédien de la toute nouvelle création de Bashir Lazhar reviennent sur leur expérience de travail ensemble et sur les raisons pour lesquelles il est toujours pertinent de présenter ce texte d'Evelyne de la Chenelière en 2017. 

Album

Publié le 04/09/17

Pour la recréation de ce superbe texte d'Évelyne de la Chenelière, c'est le comédien Rabah Aït Ouyahia qui monte seul sur scène sous la direction de Sylvain Bélanger et qui prend ici la pose! 

Album

Publié le 30/08/17

Les répétitions battent leur plein dans la salle de répétition du CTD'A! Le metteur en scène Sylvain Bélanger, son assistant Julien Véronneau et le comédien Rabah Aït Ouyahia travaillent très fort sur ce monologue touchant et confrontant d'Evelyne de la Chenelière.

Extrait

Publié le 04/08/17 Bashir Lazhar d'Evelyne De la Chenelière

« Vous les enfants vivants vous devez égayer les cours de récréations. Dans le monde entier c’est ce qu’on vous demande. Alors vas-y. Lance quelques cris aigus, faut pas lâcher ton rôle d’enfant qui fait l’oiseau qui fait la mouette, il faut continuer jusqu’à ce que d’autres te remplacent dans la cour de récréation. »

Extrait

Publié le 05/01/07 Bashir Lazhar d'Evelyne de la Chenelière

« Moi je veux juste un tableau noir avec des yeux qui le regardent. Juste un tableau sur lequel je peux effacer et recommencer et des mains un peu petites qui s’agitent comme des drapeaux, toujours impatientes avec la petite bosse de corne à l’intérieur du majeur parce qu’elles auraient trop écrit, et un tableau qui a une seule page et plein de dessins dessus et moi je serai celui qui efface pour recommencer, et ceux qui voudront s’ennuyer je les laisserai regarder par la fenêtre sans les gronder parce que je sais comme il est bon de regarder par une fenêtre en sachant que quelqu’un est entrain d’effacer le tableau pour recommencer.»

 

DURÉE

environ 1 h 10

ARCHIVES

Ce texte d'Evelyne de la Chenelière a été créé pour la première fois en janvier 2007 par Daniel Brière à la salle Jean-Claude-Germain. Le personnage de Bashir Lazhar était interprété par Denis Gravereaux, qui a par la suite assuré le rôle avec brio et passion au cours de 3 tournées. 

Bashir Lazhar
saison 06/07
création originale

PRODUCTION

une production du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui