Une création de Guillaume Chapnick en codiffusion avec le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
Salle Jean-Claude-Germain
4 au 23 mars 2024
RÉSUMÉ
Chez les Chevtchenko-Tremblay, le patriarche Stefan, tourmenté par la démence et une maladie dégénérative rare, erre dans l’incapacité de se faire comprendre ou de se comprendre lui-même. Ses pensées s’expriment à travers des poèmes ukrainiens qui le hantent depuis sa terre natale. Face à l’inévitable, une union sans précédent émerge entre ses trois fils et leur mère. En dévoilant leurs vulnérabilités, leurs colères et leurs peurs, ils trouvent la force de cultiver l’espoir au cœur de l’adversité.
Le comédien Guillaume Chapnick signe avec ce tout premier texte une ode émouvante à ses racines ukrainiennes et à la résilience des immigrants de deuxième et troisième génération. En mettant en lumière l’intimité filiale d’une fratrie chamboulée, il explore avec une authenticité bouleversante les différentes facettes de sa masculinité. Sans éluder la souffrance, Chevtchenko insuffle une certaine poésie à la réalité de la proche aidance. Pour l’auteur, les personnes qui souffrent ne sont pas des victimes, mais en quelque sorte des artistes.
Pour Moishe, Zelig, Clarisse, Olha S. et Peter S.
Je viens d’une famille aux origines multiples. Ma mère, francophone, catholique, est née à Montréal. Mon père, fils juif d’une mère ukrainienne et d’un père polonais, a grandi dans le quartier North End de Winnipeg, là où se trouve l’une des plus grandes diasporas d’est-européens au Canada. Alors que les réunions de ma famille québécoise ressemblaient à celles de n’importe quelle autre famille d’ici, celles à Winnipeg étaient différentes. Les gens s’adressaient la parole en cinq langues ; chantonnaient en ukrainien, riaient en yiddish, s’esclaffaient en allemand, pleuraient en hébreu et parlaient polonais par murmures. Les cultures slaves ont toujours fait partie de ma vie. Ayant un fort sentiment d’appartenance à plus d’une culture, j’ai voulu, avec cette pièce, réunir chacune d’entre elles tout en n’oubliant pas celle que j’ai ici, au Québec.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, je me suis replongé dans les origines d’une partie de mon identité et dans l’héritage que m’ont légué mon père et ses ancêtres. À l’âge de 55 ans, mon père s’est fait apprendre qu’il était atteint d’une maladie neurodégénérative. Sa vie, selon les médecins, se limiterait à un maximum de huit années additionnelles suite au diagnostic. Simultanément, j’apprenais que j’avais été accepté à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM et que j’allais étudier le jeu pendant trois ans. J’allais également apprendre, comme le reste de ma famille, à être aidant naturel. Tandis que je m’éduquais à devenir comédien, à créer, à prendre parole, j’apprenais aussi à devenir proche aidant, à prodiguer des soins, à accompagner quelqu’un en fin de vie. Dû à cette époque, le théâtre et la maladie se sont liés devenant inséparables. La scène deviendrait donc, pour moi, un lieu où plaider et célébrer la chance de vivre. Il m’est alors apparu vital d’user du théâtre pour honorer le peuple ukrainien, d’écrire une ode à la résilience et aux racines originelles des immigrants de deuxième et troisième génération, tout en menant une fouille identitaire.
Je remercie infiniment l’équipe entière du spectacle, et celle du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, particulièrement Sylvain Bélanger, que j’ai eu la chance de rencontrer alors que j’étais finissant à l’école de théâtre.
Je dédie cette pièce à ma mère.
Guillaume Chapnick
(Dé)cadrer le réel
Quand Guillaume m’a offert de mettre en scène sa pièce Chevtchenko sur les jeunes proches aidant·es, j’ai été très touchée par le sujet ayant moi-même connu cette posture particulière pour soutenir un parent.
La découverte de la pièce a immédiatement dévoilé sa nature très cinématographique : des scènes parfois très courtes, des ellipses, des changements de lieux fréquents qui nous font découvrir les pièces de la maison familiale des Chevtchenko. J’ai demandé à mes allié·es Raphaël Dely (conception vidéo/son) et Lauriane Cuello (conception lumière) de se joindre à moi pour définir ensemble un
langage singulier mêlant vidéo, lumière et corps en scène. Nous avons travaillé de manière expérimentale à partir de nos amours pour les espaces enchâssés de Tarkovski, les hors-champs de Wong Kar-wai, ou les tableaux vivants et les corps chorégraphiés de Sergueï Paradjanov. Cette mise en scène n’est pas le fruit de mon travail ou de ma vision, mais de notre capacité à collaborer pour créer un langage cohérent qui soutient avec détermination la pièce si personnelle de Guillaume.
Étant moi-même interprète, j’ai eu envie de créer un code de jeu singulier pour la pièce. Inspirée non pas par le rendu cinématographique mais par les trucages spatiaux au moment d’un tournage, j’ai choisi de maintenir une relation au texte naturaliste tout en créant avec les corps une découpe spatiale non rationnelle. Afin de souligner l’incapacité des frères à partager leurs émotions par exemple, les acteurs d’une même scène jouent sur des axes qui ne se croisent jamais, il appartient alors au public d’opérer en direct le montage de la séquence pour les replacer face à face. Les mouvements des corps sont aussi à l’occasion très chorégraphiés, particulièrement dans les gestes de soin que les fils prodiguent au père afin de souligner la singularité de ce type de contact physique. Pour soutenir ce code de jeu et compléter le langage visuel de la pièce, nous avons collaboré avec Raphaël Dely au développement d’un story-board en nous amusant à créer des plans, des travelings ou des zooms par l’usage de mapping vidéo. Les projections sont tantôt des motifs, tantôt des couleurs. Ces effets nous offrent une esthétique du cadre et nous permettent d’explorer une transposition de la logique de l’hors-champ. En jouant sur les axes verticaux et horizontaux, ils apportent aussi une certaine rigidité qui sied particulièrement aux relations tendues des fils.
Si Chevtchenko est une œuvre très réaliste, elle laisse une part belle à l’incertitude du vrai. La maladie du père le déconnecte très régulièrement du réel et rend poreuse la frontière entre le Québec et l’Ukraine, entre le réveil et les songes. Nous avons saisi cette opportunité qu’offre la pièce pour développer un certain réalisme magique. Par son travail minutieux des ambiances lumineuses et des textures, Lauriane Cuello complète le mapping vidéo de Dely pour déformer les cadres et transformer
l’espace. Ensemble, iels peuplent la scène et repoussent les murs pour révéler la vraie nature de Stéphane que la maladie occulte : celle d’un prince onirique qui erre dans la forteresse du foyer ; celle d’un yōkai aimant qui panse les âmes meurtries la nuit venue ; celle d’un poète mystique qui crie sa ferveur à l’univers.
Chevtchenko est un salut aux fantômes et une célébration de leur héritage.
Chevtchenko est une supplication à la lune pour que cesse la tourmente qui nous colle au cœur.
Chevtchenko est une histoire d’amour.
— Marine Theunissen
Album
Publié le 15/02/24L’équipe de Chevtchenko nous a reçu·es à l’occasion de leur sortie de résidence au Théâtre de la Ville. La photographe Valérie Remise en a profité pour prendre quelques clichés.
Médias
Publié le 06/02/24L’auteur et interprète de Chevtchenko, Guillaume Chapnick, et l’auteur·trice, metteur·se en scène et interprète de Papeça, Micha Raoutenfeld, se sont entretenu·es avec la journaliste Marie Labrecque au sujet de leur rapport à leurs origines slaves, ainsi qu’à la portée de cet héritage dans leur pratique artistique.
Album
Publié le 04/02/24Guillaume Chapnick et Quentin Kravtchenko arborent un air fier sur l’affiche de Chetvchenko. Une photo de Julie Artacho et une identité graphique de Gauthier Designers.
Nouvelle
Publié le 09/05/23Nous sommes heureux de vous annoncer quatre représentations avec surtitrages français la saison prochaine Nzinga le 18 novembre 2023 ; Judy, le 10 février 2024 ; Chevtchenko, le 16 mars 2024 ; S’enjailler, le 27 avril 2024. Plus d’informations : ici.
Extrait
Publié le 02/05/23 Chevtchenko de Guillaume Chapnick« Toi, Moi, Chris, Maman, P’pa. On est des fucking guerriers. C’est dans notre ADN. On est né pour se battre. Finis-moi ta bière pi on s’en prend une autre après. Come on, c’est ma fête, là. Je suis un adulte, enfin. »
Album
Publié le 02/05/23Quentin Kravtchenko et Guillaume Chapnick font partie de la magnifique distribution de Chevtchenko, une œuvre d’une grande humanité qui met en lumière l’intimité filiale d’une fratrie chamboulée (photo : Julie Artacho | Design : Gauthier).
ACCESSIBILITÉ
Pour faciliter l'accès aux personnes ayant une déficience auditive, la représentation du 16 mars sera présentée avec surtitres français.
Pour en savoir plus sur cette représentation et sur nos différentes mesures, consulter notre page d'accessibilité universelle.
RELATIONS DE PRESSE
Communiqué de presse à venir
Dossier de presse à venir
PUBLIC SCOLAIRE
Nous proposons un tarif réduit à 22$ pour les groupes de 20 étudiant·e·s ou plus. Toutes les informations sont disponibles ici.
Pour toute réservation, merci de contacter Luc Brien.
Dossier pédagogique à venir
PRODUCTION
Une création de Guillaume Chapnick en codiffusion avec le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui